Transdisciplinarité et performance INTERACTIVE / une matière chorégraphique augmentée
Comment penser une œuvre scénique sans centre, sans hiérarchie entre les médiums ?
BEATS Collective explore une écriture transdisciplinaire radicale, où le corps, la lumière, le son, l’image et les technologies interactives coexistent, se répondent, s’affrontent. Dans ce texte, on revient sur une méthodologie de création immersive qui fait du plateau un système vivant — polyphonique, instable, profondément incarné.
BEATS Collective est un laboratoire scénique où danse contemporaine, technologies interactives, lumière, image, son et scénographie s’écrivent ensemble, dès l’origine. Le point d’ancrage : le corps. Non comme sujet central, mais comme matière de friction, d’interface, de résonance. Le corps engage les autres disciplines, les met en tension, les déclenche — et parfois s’efface.
Ce que nous construisons, ce ne sont pas des couches. Ce sont des systèmes sensibles, où chaque médium a sa propre logique dramaturgique. Une lumière peut porter un silence. Un son peut répondre à un geste. Une projection peut dérégler un rythme corporel. La performance devient un espace polyphonique, traversé de logiques autonomes et pourtant connectées.
BEATS Collective en résidence à la Société des arts technologiques (SAT), en 2022.
Une méthode transdisciplinaire radicale
Le processus commence à plusieurs. Pas d’attente que “la pièce” soit montée pour penser la lumière. Pas de matériau chorégraphique finalisé avant d’activer les capteurs. La transdisciplinarité est structurelle, non décorative.
Chaque discipline travaille dans sa temporalité propre, mais en co-présence constante. Il ne s’agit pas de dilution, mais de confrontation active : composer une œuvre qui ne hiérarchise pas les médiums, mais les laisse exister en tension. Une dramaturgie du flux, de la collision, du seuil.
Dramaturgies croisées, écritures parallèles
Il n’y a pas une seule narration.
L’œuvre se compose par écritures simultanées :
une dramaturgie chorégraphique, incarnée dans la répétition ou la dissonance ;
une dramaturgie lumineuse, en réaction ou en contrepoint ;
une dramaturgie sonore, entre pulsation et saturation ;
une dramaturgie interactive, qui inscrit le public dans le système.
Chaque langage a ses motifs, ses accidents, ses intensités. L’unité émerge par agencement, non par alignement. Le collectif agit comme un corps technique — en écoute constante, en vigilance rythmique.
Une performance technologique et sensorielle
BEATS développe une esthétique performative augmentée, où l'interactivité n’est pas une anecdote, mais un principe d’écriture. Capteurs de mouvement, objets lumineux réactifs, spatialisation sonore, vidéo générative : les outils sont nombreux, mais toujours intégrés à une recherche plastique et sensorielle. L’installation scénique devient un organisme, que les interprètes activent, perturbent, redéfinissent en temps réel.
Ce que nous cherchons, c’est une performance immersive dans laquelle le spectateur devient témoin d’un écosystème instable, mais rigoureusement composé.